Conférence par Emmanuel Alloa.

La transparence est le maître-mot de notre présent. Qu’il s’agisse de la politique, de la finance, de la technologie, de la santé ou des médias – il n’y a guère de domaine qui n’appelle à plus de transparence. Mais que signifie réellement ce mot et quelles en sont les conséquences pour la vie des citoyens ? Autrefois, la transparence était brandie pour faire tomber les masques et pour dénoncer les machinations d’arrière-boutique. Aujourd’hui, cette revendication émancipatrice s’est transformée en un droit opposable : celui qui n’a rien à cacher doit s’exposer sans réserve. Le « transparentisme » est le nom d’une nouvelle norme qui s’empare aujourd’hui des corps et des esprits avec d’autant plus de légitimité qu’elle se présente comme un geste critique. Le nouvel âge de la confession se nourrit par ailleurs d’un désir d’authenticité ultime, avec une exposition de soi dont les plateformes numériques tirent une rente providentielle. Face à cette nouvelle injonction pour coïncider avec soi, il devient urgent de repenser les possibilités d’un pas de côté, d’une démocratie expérimentale qui redevient capable d’imaginer d’autres futurs, d’autres possibles